La presse people ne m’intéresse pas. Je ne lis donc pas des journaux comme “Paris Match”, sachant que la probabilité d’y lire quelque chose d’intéressant pour moi est proche de zéro. Et pourtant, j’ai peut-être “jugé” un peu trop vite. Relayé par le journal Christianisme Aujourd’hui, la citation du romancier, essayiste et chroniqueur français, membre de l’Académie française, Jean-Marie Rouart au sujet du passé chrétien de la France, publiée dans Paris Match:
“Car la France, qu’on soit ou non croyants, catholiques ou athées, juifs , protestants ou musulmans, est un pays qui s’est construit autour des Églises et des paroisses, bien avant les communes. Car la France, contrairement à ceux qui voudraient seulement la faire dater de la République et des Lumières, a un passé de liberté et de tolérance, qu’elle doit à la fonction hautement civilisatrice du christianisme, qui a placé la personne humaine et l’amour du prochain au cœur de ses valeurs. Il est injuste de voir l’église seulement à travers ses accès d’intolérance et les bûchers des sorcière”
Je trouve ces propos particulièrement intéressants, car nous avons souvent tendance à croire que ces valeurs d’amour et d’assistance à son prochain ont toujours existées et sont à proprement parler normale. Mais ce n’est pas le cas!
L’islam a de fortes valeurs d’entraide et d’assistance. Elles se limitent cependant principalement aux musulmans entre eux (le coran fait référence aux « croyants » ou aux « frères »).
« Ô vous qui croyez [ …]. Entraidez-vous plutôt dans le bien et la piété » (S5 :2).
Mais même dans cette situation, il est difficile d’y voir clair car, pour prendre un exemple concret, l’Arabie Saoudite et le Qatar, deux pays islamiques extrêmement riches, n’acceptent aucun réfugiés du conflit syrien. Réfugiés dont l’immense majorité est de confession musulmane. C’est pour une bonne partie l’Europe “mécréante” qui se charge de les recueillir (en plus des voisins directs qui sont le Liban, la Turquie et la Jordanie).
L’islam est relativement clair sur la manière de se comporter envers ceux qui ne sont pas croyants :
« Combattez ceux qui ne croient pas en Dieu et au jour dernier, et qui ne déclarent point illicite ce qu’Allah et son envoyé ont déclaré tel, ceux qui n’observe pas la religion du Vrai,… tous ceux-là il faut les combattre jusqu’à ce qu’ils aient payé la capitation d’une main et qu’ils manifestent une grande humilité. » (S9 :29) Voir aussi S8 :39, S9 :5, S47 :4, S66 :9, S8 :60, S48 :16, S4 :89, S9 :73, S9 :123).
Sans interdire la violence, l’islam n’interdit pas d’être bienfaisant envers ceux qui n’ont pas combattu l’islam :
« Dieu ne vous dissuade pas d’être bienveillants et équitables avec ceux qui n’ont pas combattu votre religions et qui ne vous ont pas délogés de vos maisons. Allah aime les gens équitable. » (S60 :8)
Il déconseille cependant d’être bon envers ceux qui ont combattu l’islam :
« Dieu vous déconseille en revanche d’être bons envers ceux qui ont combattu votre religion et qui vous ont expulsés de vos maisons, et envers ceux qui les ont aidés. Les injustes sont ceux qui considèrent ces hommes comme des amis » (S60 :9)
Les droits de l’homme dans l’islam sont soumis à la charia, qui n’est pas compatible avec la démocratie, la liberté individuelle (comme la liberté de croyance) et l’égalité homme-femme.
Envers les juifs et les chrétiens (aussi appelés « les gens du livre » dans le coran), les versets qui semblent recommander de bons traitements semblent conditionnés ou pondérés par le contexte lorsqu’on lit les quelques versets précédents et/ou suivants. Exemples :
« Sois patient face à leurs [les infidèles] calomnies. Éloigne-toi d’eux de belle manière ». Les trois versets suivant disent ceci : « Laisse-Moi avec ceux qui traitent tout de mensonge, les privilégiés. Accorde-leur un court répit. Nous leur préparons des carcans et du feu brûlant, une nourriture infecte qui ne passera pas leur gosier et un tourment terrible » (S73 :10-13)
« Vous ne discuterez avec les gens du Livre que de la meilleure façon, à l’exception de ceux qui se sont révélés injustes » (S29 :46). Il serait intéressant de définir ce qui est juste et injuste. Si ce verset semble montrer du respect, les chrétiens et juifs n’en sont pas moins stupides : « Les juifs ont dit : Uzaïr est fils de Dieu ! Les chrétiens ont dit : Le Messie est fils de Dieu ! Telle est la parole qui sort de leur bouche. Ils répètent ce que les incrédules disaient avant eux. Que Dieu les anéantisse ! Ils sont tellement stupides ! » (S9 :30)
« Appelle-les au bon chemin de ton Seigneur en usant de sagesse et d’exhortation généreuse. Ne les sollicite qu’en employant de bonnes paroles, … ». Les deux versets qui suivent permettent cependant le châtiment et recommandent de ne pas avoir d’empathie pour les incroyants : « Si vous veniez à châtier quelqu’un, faites-le à la hauteur du dommage que vous avez subi. […] Ne t’afflige surtout pas pour les incroyants […] » (S16 :125-127)
Il semble donc que l’amour à son prochain dans l’islam est soumis à condition. Il est très intéressant d’analyser les événements de l’actualité liés au fondamentalisme islamique (par exemple l’islam politique, les exactions de daesh envers les minorités éthniques ou les attentas) et de les comparer avec les enseignements du coran et le modèle comportemental donné par Mahomet lui-même. Mais dans tous les cas, gardons-nous bien de tirer des conclusions hâtives à l’emporte-pièce et de mettre des étiquettes sur les gens. Mes amis musulmans (ou du moins qui prétendent l’être) sont respectueux et cordiaux. Il est important de considérer les gens d’abord pour ce qu’ils sont (à savoir des être humains créés à l’image de Dieu, comme tout le monde) et non pour ce qu’ils prétendent être ou représenter.
L’indouisme, 3ème religion du monde, avec le système de caste qui définit certaines personnes comme “intouchables” et la vénération d’animaux, semble ne faire que peu de cas de son prochain. Mais je ne connais que très peu cette religion. Des amis de retour de voyance en Inde m’ont décrit des scènes surprenantes, où des personnes manifestement mal en point se retrouvent à errer dans la rue comme des zombies, entre la vie et la mort, dans l’indifférence générale. Alors qu’à quelques distances, des vaches sont vénérées.
L’absence de croyance (en Dieu), où athéisme, semble également ne pas être favorable à l’homme en tant qu’individu. Les dictatures athéistes, que ce soit Adolf Hilter ou Mao Zedong, le leader communiste chinois, ont entraîné la mort violente de centaines de millions de personnes. La 2ème guerre mondiale a entraîné la mort de 73 millions de personnes et le régime de Mao a causé la mort d’environ 70 millions de personnes.
Les systèmes économiques que sont le communisme ou le capitalisme ne font également que peu de cas de l’individu. Le communisme est un système autoritaire qui néglige totalement la personne humaine et a forcé des millions de gens (les cubains et nord-coréens encore aujourd’hui) à vivre dans des conditions très difficiles.
Le capitalisme, lorsqu’il n’est pas pratiqué avec de “bonnes” valeurs éthiques, devient un système totalement immoral qui voit l’égoïsme et l’orgueil individuel triompher. Nous voyons le résultat aujourd’hui, où une très faible minorité de gens se partagent l’ensemble des richesses. Les inégalités augmentent sans cesses. Les “travailleurs pauvres” sont de plus en plus nombreux et travaillent toujours plus durement pour enrichir une minorité. La course à la croissance infinie conduit à l’épuisement des gens et des ressources naturelles. On est prêt à tout pour gagner d’avantage, quitte à marcher sur son propre voisin et détruire notre propre planète.
Concernant le christianisme, il convient là aussi de différentier la religion en temps que structure créée et dirigée par des hommes (donc imparfaite et sujette à des accès d’intolérance comme cité précédemment) et la croyance chrétienne telle qu’enseignée par Jésus et retranscrite dans les Évangiles. “L’habit ne fait pas le moine” (si vous me permettez cette expression) et le chrétien véritable ne se reconnaît que par ses actions à la lumière de l’Evangile: Les “chrétiens authentiques”, qui croient en Jésus-Christ et comprennent la signification de sa venue, de sa mort et de résurrection, forment l’Église dont le Christ ressuscité est le chef. Ils feront tout leur possible pour appliquer le commandement ultime de Jésus-Christ qui consiste à aimer Dieu plus que tout et son prochain comme soi-même. Voici quelques références bibliques:
« Aime ton Dieu plus que tout et ton prochain comme toi-même » (Matthieu 22 :37-39).
« Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres; car celui qui aime les autres a accompli la loi. En effet, les commandements: Tu ne commettras point d’adultère, tu ne tueras point, tu ne déroberas point, tu ne convoiteras point, et ceux qu’il peut encore y avoir, se résument dans cette parole: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait point de mal au prochain: l’amour est donc l’accomplissement de la loi. » (Romain 13 :8-10)
« Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, dans celle-ci: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Galates 5 :14)
Mais qui est donc ce «prochain » ? Jésus a répondu à cette question en utilisant la parabole du bon samaritain. Il va démontrer que le prochain n’est pas simplement notre « frère dans la croyance », et qu’on ne le reconnaît pas à sa couleur de peau, ses croyances ou son rang social :
« Un docteur de la loi se leva, et dit à Jésus, pour l’éprouver: Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle? Jésus lui dit: Qu’est-il écrit dans la loi? Qu’y lis-tu? Il répondit: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée; et ton prochain comme toi-même. Tu as bien répondu, lui dit Jésus; fais cela, et tu vivras. Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus: Et qui est mon prochain? Jésus reprit la parole, et dit: Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba au milieu des brigands, qui le dépouillèrent, le chargèrent de coups, et s’en allèrent, le laissant à demi mort. Un sacrificateur, qui par hasard descendait par le même chemin, ayant vu cet homme, passa outre. Un Lévite, qui arriva aussi dans ce lieu, l’ayant vu, passa outre. Mais un Samaritain, qui voyageait, étant venu là, fut ému de compassion lorsqu’il le vit. Il s’approcha, et banda ses plaies, en y versant de l’huile et du vin; puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit à une hôtellerie, et prit soin de lui. Le lendemain, il tira deux deniers, les donna à l’hôte, et dit: Aie soin de lui, et ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour. Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands? C’est celui qui a exercé la miséricorde envers lui, répondit le docteur de la loi. Et Jésus lui dit: Va, et toi, fais de même. » (Luc 10 :25-37).
Jésus fait réaliser au docteur de la loi que son problème n’est pas uniquement son manque d’amour pour son prochain : ce dernier cherche à se justifier, il ne sait même pas qui est son prochain pour l’aimer. Le vrai problème, c’est qu’il n’aime pas la personne qui a pris soin de lui, qui se sacrifie pour lui (à savoir Jésus, qu’il essaie d’éprouver). Le samaritain est devenu le prochain du malheureux, car il est entré en contact avec lui et l’a aidé. Selon la définition du dictionnaire Larousse, le prochain est « l’être humain considéré dans les relations qu’on a avec lui ». L’adjectif signifie « qui est le premier à se présenter, dans l’espace ou le temps ». Il y cet aspect de relation, à laquelle Jésus rajoute l’amour (qui inclut la miséricorde) lorsqu’il commande « aime ton prochain comme toi-même ». Jésus nous invite à faire de même que ce samaritain : « Va, et toi, fais de même ». Jésus nous invite d’une part à aimer la personne qui prend soin de nous et se sacrifie pour nous. D’autre part, il nous invite à avoir des relations avec les gens et à faire preuve d’amour envers eux, indépendamment de leur origine ou de leurs croyances. Jésus va préciser sa pensée de manière sans équivoque :
« Vous avez appris qu’il a été dit: Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous? Les publicains aussi n’agissent-ils pas de même? Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire? Les païens aussi n’agissent-ils pas de même? Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait» (Matthieu 5 :43-48).
« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c’est la loi et les prophètes » (Matthieu 7 :12).
La parabole du samaritain représente symboliquement Jésus, qui a manifesté à l’égard des hommes un amour incomparable. Alors que nous étions blessés, impuissants et désespérés, il a eu pitié de nous. Il ne nous a pas ignorés, il ne nous a pas abandonnés à la mort. Il ne resta pas dans sa sainte demeure, auprès du Père. Il est venu se charger de notre cause et s’identifier à l’humanité. Il est mort pour le salut de ses ennemis. Il a prié pour ses bourreaux. Faisant allusion à son exemple, il nous dit : « Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. … Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. » (Jean 15:17; 13:34)
Pour reprendre l’exemple actuel des réfugiés, je trouve remarquable la démonstration du Pape de l’Église catholique qui a accueilli des réfugiés musulmans au Vatican, a pourvu à leurs besoins et leurs a lavé les pieds. Geste symbolique mais qui révèle son humilité. Humilité à laquelle Jésus nous appelait tous, lorsqu’il a lui-même nettoyé les pieds de ses disciples. (Lire Jean 13).
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