Question d’un ami musulman : Si Dieu n’a qu’une seule Parole, pourquoi Jésus contredit-il la Loi de Moïse donnée par Dieu ?

En discutant de la Bible avec un ami musulman, celui-ci me posa cette question et il prit comme exemple la loi du Talion :

« Mais si malheur arrive, tu paieras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure. »  (Exode 21 :23-25, Torah, Ancien Testament)

Jésus dit exactement le contraire : « Vous avez appris qu’il a été dit : ‘œil pour œil et dent pour dent’. Et moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Au contraire, si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre.» (Evangile de Matthieu 5 :38-39)

Jésus contredit-il la Loi de Moïse ? Dieu se contredit-il ? Faut-il encore obéir à la Loi? C’est une excellente question, qui m’a obligé (et c’est très bien) à passer quelques heures dans la Bible pour y répondre correctement.

Pour répondre à cette question, il est nécessaire :

  1. de comprendre ce qu’est la Loi de Moïse et à quoi elle sert.
  2. de revenir au temps d’Abraham (le premier croyant ayant dit « OUI » à Dieu) et de se rappeler les promesses que Dieu lui a faites.

La Loi est un ensemble de règles transmises par Dieu via Moïse au peuple d’Israël. Outre l’exemple cité, la Loi dit par exemple qu’il est interdit de manger du porc (Lévitique 11:7) et qu’il faut se faire circoncire (12 :3). Elle contient aussi des principes moraux applicables à tous les peuples et toutes les époques (Romain 2 :14-15), comme par exemple « tu ne tueras point, tu ne voleras pas » (Exode 20 :12-17). Toutes ces règles se trouvent dans la Genèse, Exode, Lévitique et Deutéronome (Torah, Ancien Testament).

La Loi n’a pas été créée pour sauver les hommes, mais pour que ceux-ci se rendent compte de leurs péchés (Romain 3 :20) et de leur besoin de pardon. Et ainsi comprennent que seule la grâce de Dieu, promise à la postérité d’Abraham (voir ci-dessous), pouvait les sauver. En effet, aucun humain n’est capable de respecter la Loi, « il n’y a point de juste, pas même un seul » (Romain 3 :10).  Transgresser une seule règle équivaut à se rendre coupable de toutes (Jacques 2 :10). Tous les humains sont donc maudits : « Maudit est quiconque n’observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la loi, et ne le met pas en pratique » (Galates 3 :10). De même tous ceux qui aujourd’hui encore s’attachent aux œuvres de la loi sont sous la malédiction (Galates 3 :10).

Maintenant que l’on sait qu’observer la loi est illusoire et ne permet pas d’être sauvé, voyons ce que Dieu à promis à Abraham. Abraham fût justifié par sa foi : Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice; et il fut appelé ami de Dieu (Jacques 2 :23, aussi Genèse 15 :6, Romain 4 :3). Justifié signifie rendu juste, béni, pardonné. Parce qu’il a obéi à sa voix, Dieu donne des promesses à Abraham. Ces promesses concernent :

  1. sa descendance (qui sera aussi nombreuse que les étoiles) (Genèse 22 :17)
  2. le pays dans lequel il se trouve lui appartiendra ainsi qu’à sa descendance pour toujours (Genèse 13 :15-16)
  3. les nations et familles du monde entier, qui seront bénies par lui et dans sa descendance (Genèse 12 :2-3, 22 :18)

La 3ème promesse signifie que Dieu avait prévu un plan pour que même les païens (les non juifs => toutes les familles du monde) puissent être sauvés. Quelle merveilleuse nouvelle ! Même moi, qui ne suis pas juif (et donc païen), j’aurais la possibilité d’être sauvé ! Mais comment donc ? Je ne suis probablement pas un descendant direct (de chair) d’Abraham. Et surtout, j’ai commis des péchés et suis donc maudit, sans espérance de Salut !

La promesse de Dieu (et ma chance de Salut) s’accompli avec l’arrivée de Jésus-Christ, le Fils de Dieu : il nous a racheté de la malédiction de la Loi en devenant lui-même malédiction pour nous, car il est écrit : maudit est quiconque est pendu au bois. Afin que nous reçussions par la foi l’Esprit qui avait été promis (Galates 3 :13-14)

Mais quel rapport entre les promesses et Jésus me direz-vous ? Dieu dit que la bénédiction viendra de la descendance d’Abraham. Jésus, né juif, est le descendant direct par lequel la promesse se réalise. Pierre est explicite en citant la Genèse :

« Vous êtes les fils des prophètes et de l’alliance que Dieu a traitée avec nos pères, en disant à Abraham: Toutes les familles de la terre seront bénies en ta postérité. C’est à vous premièrement que Dieu, ayant suscité son serviteur [Jésus-Christ], l’a envoyé pour vous bénir, en détournant chacun de vous de ses iniquités. » Actes 3 :25-26

La descendance = Jésus-Christ. La bénédiction = le pardon des péchés.

L’apôtre Paul confirme : Les promesses ont été faites à Abraham et à sa postérité, c’est-à-dire, à Christ (Galates 3 :16).

C’est par Jésus-Christ donc que nous pouvons être pardonnés. Mais que faut-il faire pour être béni (pardonné) ? Suivre la Loi de Moïse ? Non, celle-ci m’a convaincu de péché ! Le pardon (la bénédiction) s’obtient uniquement par la foi en Jésus-Christ et c’est une grâce de Dieu:

  • « Toutes les nations seront bénies en toi [Abraham] ! De sorte que ceux qui croient sont bénis avec Abraham le croyant. » (Galates 3 :8-9)
  • « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. » Jean 3:16
  • « Celui qui a le Fils a la vie; celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie. » 1 Jean 5:12
  • « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille. » Actes 16:31
  • « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. » (Marc 16 :16)

Le fait d’observer la Loi ou pas n’a aucune influence. Non seulement c’est Jésus qui le dit, mais le contraire reviendrait à annuler la promesse de Dieu, comme l’explique Paul :

  • « Si l’héritage venait de la loi, il ne viendrait plus de la promesse; or, c’est par la promesse que Dieu a fait à Abraham ce dont de sa grâce. »  (Galates 3 :17-18).
  • « Car, si les héritiers le sont par la loi, la foi est vaine, et la promesse est anéantie »  (Romain 4.14).

Mais pourquoi donc cette Loi alors ? Est-elle contre Dieu ? Loin de là. Si la Loi avait pu procurer la vie, la justice viendrait réellement de la Loi (Galates 3 :21). Mais ce n’est pas le cas : l’Ecriture a tout renfermé sous le péché, afin que ce qui avait été promis fût donné par la foi en Jésus-Christ à ceux qui croient. (Galates 3 :22). Avant … nous étions enfermé sous la garde de la Loi, en vue de la foi qui devait être révélée (3.23). La Loi a donc été comme un pédagogue pour mener à Christ, afin d’être justifiés par la foi (3 :24).

Jésus n’est pas venu abroger la Loi ou les prophéties, il est venu pour les accomplir :

« Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé. » (Matthieu 5:17-18)

Autrefois coupable, l’homme est maintenant déclaré juste par la foi qu’il a en Jésus-Christ. Et c’est ce qui change tout. En étant déclaré juste, le Loi n’a plus d’emprise sur lui :

La foi étant venue, nous ne somme plus sous ce pédagogue (et donc sous la Loi) (3 :25). Vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus Christ (3 :26). Par le baptême, le croyant revêt le Christ (3 :27). Il n’y a alors plus aucune distinction entre les croyants : ni juifs ni grecs, ni esclaves ni libres, ni hommes ni femmes, « car tous vous êtes un en Jésus-Christ et … donc la postérité d’Abraham, héritiers selon la promesse » (Galates 3 :28-29).

Paul dit encore à ce sujet : Lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sous la Loi, afin que nous reçussions l’adoption. Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans nos coeurs l’Esprit de son Fils, lequel crie: Abba! Père! Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils; et si tu es fils, tu es aussi héritier par la grâce de Dieu (Galates 4 :4-7)

Même les païens, même les non-juifs, même moi, je peux devenir « fils d’Abraham », donc héritiers des promesses, en faisant preuve de la même foi qu’avait cet homme et en me faisant baptiser en Jésus-Christ.

Jésus libère le croyant de la servitude (de la Loi), il le rend libre : C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude. (Galates 5.1). Paul met en garde ceux qui seraient tenté de se remettre sous la Loi : Ceux qui se mettent sous une seule règle de la Loi sont non seulement tenus de la pratiquer toute entière, mais ils sont séparés de Christ. Ceux qui cherchent la justification dans Loi sont déchus de la grâce (5 :3-4).

Que fait donc un croyant, s’il n’est plus sous la loi ? Va-t-il à Ibiza faire la fête et s’adonner à toutes sortes de pratiques douteuses ? Non. Bien sûr que non. Le vrai chrétien est habité par l’Esprit (Jean 7 :39 ; 14 :16-17) et il doit marcher par l’Esprit, et non par la chair (ses envies naturelles, humaines). L’Esprit a des désirs opposés à la chair, afin que le chrétien ne fasse pas ce qu’il veut : « Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez par les désirs de la chair » (Galates 5 :16). Si donc le chrétien marche par l’Esprit, il produira de bons fruits : « rendez-vous, par la charité, serviteurs les uns des autres »(5.13). « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ » (6 :4).  Il s’efforcera de marcher dans la direction de la seule parole qui accomplit la Loi : « tu aimeras ton prochain comme toi-même » (5 :14). Celui qui est conduit par l’Esprit n’est pas sous la Loi (5 :13-18).

Voici une liste d’œuvres de la chair : « l’impudicité, l’impureté, la dissolution, l’idolâtrie, la magie, les inimités, les querelles, les jalousies, les animosités, les disputes, les divisions, les sectes, l’envie, l’ivrognerie, les excès de table, et les choses semblables. » « Ceux qui sont en Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses mauvaises passions et désirs » (5 :19-21,24)

Voici les fruits de l’Esprit : « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité [= bienveillance, douceur], la fidélité, la douceur,la tempérance ». La Loi n’est pas contre ces choses (5 :22-23)

Conclusion :

Jésus le dit lui-même : Il n’abroge (et ne contredit) pas la loi. Il l’accompli. Dieu ne se contredit pas, au contraire, il accompli la promesse faite à Abraham, en envoyant son Fils Jésus-Christ sur la Terre. Le chrétien ne doit pas obéir à la Loi de Moïse, mais à l’Esprit Saint et à la Loi du Christ :

« Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. En effet, la loi de l’esprit de vie en Jésus-Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort. Car chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force, -Dieu a condamné le péché dans la chair, en envoyant, à cause du péché, son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, et cela afin que la justice de la loi fût accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’esprit. » Romain 8 :1-4

La promesse étant accomplie, la Loi n’a plus lieu d’être pour ceux qui sont en Jésus-Christ. Jésus instaure la Loi du Christ qui consiste à « portez les fardeaux les uns des autres». Jésus souhaite que nous « aimions notre prochain comme nous-même » et que nous apprenions à pardonner, comme Dieu lui-même nous pardonne.

Dans cette optique, « œil pour œil » ne fait aucun sens. De même que manger du porc ou pas ne va pas nous aider à aider notre prochain. Et se faire circoncire ne va pas nous apprendre à pardonner.

Pour terminer, il est intéressant de mentionner également que l’Islam, qui considère la Torah (et donc la Loi) comme un livre sacré, a instauré sa propre Loi, qui diffère aussi de celle de Moïse. Dieu se contredit-il donc dans ce cas de figure ? Cela pourra faire l’objet d’un nouvel article 🙂

1 Comment on "Question d’un ami musulman : Si Dieu n’a qu’une seule Parole, pourquoi Jésus contredit-il la Loi de Moïse donnée par Dieu ?"

  1. Voilà qui répond très précisément à la question que je me posais. Merci !

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