Le christianisme, une religion de paix ?

Pour tenter de répondre à cette question, il convient de revenir à la Bible, composée de deux parties distinctes :

  1. L’Ancien Testament, qui contient entre autre la Torah, et qui est un livre respecté autant par les chrétiens que les juifs et les musulmans.
  2. Le Nouveau Testament, qui raconte la vie et les enseignements de Jésus au travers des Evangiles (la bonne nouvelle) et d’autres Ecrits. Les Evangiles (Injil) sont respectés par les musulmans également.

L’Ancien Testament relate l’histoire de la création du monde et du peuple choisi par Dieu: Israël. Le message principal pour le peuple d’Israël (le peuple choisi par Dieu) est de rester séparé des autres, de ne pas se mélanger avec les païens et les adorateurs d’idoles, quitte à utiliser l’épée au sens littéral du terme. L’Ancien Testament est une éthique pré-chrétienne.

Le Nouveau Testament, avec l’arrivée de Jésus, change radicalement la donne conernant cet aspect spécifique, dans la mesure où Jésus dit au peuple de Dieu (qui est à présent toutes les personnes sur Terre qui le reconnaissent comme Seigneur)  « Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création » (Marc 16 :15). Maintenant que Dieu est venu parmi les Hommes sous la forme de Jésus-Christ, les croyants sont assez fort spirituellement (grâce au Saint-Esprit qui a été envoyé suite au départ de Jésus et qui habite en eux) pour se mélanger aux autres (ethniquement et nationalement) : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Matthieu 28 :19). Le message de Jésus ne contient aucun appel à la violence physique envers les non-croyants. Jésus ne s’est pas battu contre eux, n’a pas créé d’armée et n’a pas demandé à ses disciples de le faire. Dans les Évangiles, il semble que la seule violence physique dont Jésus ait fait preuve soit l’épisode de Jean 2, lorsque qu’il renverse une table et chasse des commerçants qui ont transformé un lieu de culte en brocante pour voler le peuple (Jean 2 :15-16)).

En fait, le Nouveau Testament regorge d’incitations à la paix, à la réconciliation et au pardon. Le commandement ultime de Jésus est « Aime ton Dieu plus que tout et ton prochain comme toi-même (indépendamment de son origine, sa culture et sa croyance) » (Matthieu 22 :37-39). La venue de Jésus manifeste de manière éclatante la grâce divine. Bénéficiant de celle-ci, le chrétien est appelé à faire également grâce à son prochain, à pardonner et à ne plus répondre “oeil pour oeil, dent pour dent“. Lire aussi à ce sujet: L’amour à son prochain dans les croyances et systèmes économiques

Quelques rares versets sortis de leur contexte pourraient semer le trouble, tels que Matthieu 10 :34-36 : « ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée ». Ce verset est expliqué en Luc 12 :51-52 et explique que Jésus avertit ses disciples que son message créerait des divisions. Certains chrétiens seraient mis à mort par leurs propres frères (famille) à cause de son message (Matthieu 10 :21, 17, 28, 39).

Dans un autre verset, Jésus dit à ses disciples d’acheter des épées (Luc 22 :36-38). Ni Luc ni Jésus ne donnent plus d’explication, mais le soir même, le disciple Pierre utilise une épée pour protéger Jésus d’une foule armée qui est venue pour l’enlever : il coupe l’oreille d’un des soldats. Jésus le reprend immédiatement : « Remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. Penses-tu que je nepuisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l’instant plus de douze légions d’anges ? Comment donc s’accompliraient les Écritures, d’après lesquelles il doit en être ainsi ? » (Matthieu 26 :52-54). Puis Jésus guéri l’oreille du soldat et Pierre range son épée. La troupe armée a conduit Jésus devant le souverain sacrificateur qui l’a fait crucifier. Ces événements semblent montrer que Jésus ne souhaitait pas que ses disciples utilisent l’épée pour se défendre.

Mais les chrétiens ont-ils aussi mené une « guerre sainte », par exemple lors des croisades ou lors des guerres de religion en Irlande et en Yougoslavie ? Ces violences sont malheureuses et je pense qu’elles continueront de se produire, autant bien dans le christianisme que dans l’islam ou l’athéisme. Tout simplement parce que « le cœur est tortueux par dessus tout, et il est méchant » (Jérémie 17 :9). Le fait est que la violence commise par ces “chrétiens” est contraire aux enseignements de Jésus-Christ. Il n’y a aucun verset des Écritures dans lequel Jésus permet à ses disciples de tuer des gens. Ils se sont laissés égarer par les désirs du cœur et ont désobéi.

Certaines Églises ont dans le passé commis de graves crimes et elles ne peuvent pas faire l’économie d’une remise en question critique. Elles le font en partie comme par exemple le Pape de l’Eglise catholique, qui a demandé pardon sur des sujets tels que les Croisades, les crimes contre les peuples autochtones durant les colonisations, les guerres de religion et les persécutions contre les chrétiens d’autres Eglises (protestantes).

Les Evangiles et les Actes décrivent bien le comportement de Jésus face à la violence et ses instructions à ces disciples :

  • Face à la menace, Jésus a toujours pris ses distances (Jean 7 :1, Matthieu 12 :14-15, Luc 4 :28-30, Jean 8 :59)
  • et il a ordonné à ses disciples de faire de même (Matthieu 10 :23, 10 :14)
  • et c’est ce qu’ils ont fait (Actes 8 :1-4, 9 :28-30, 13 :50-51, 14 :5-7)
  • Jésus refusait de punir ceux qui le rejetaient (Luc 9 :54-56)
  • Jésus a refusé de se battre pour libérer le peuple de la domination des Romains (Matthieu 22 :15-21).

Ni Jésus ni ses disciples n’ont utilisé l’épée pour évangéliser. Après que Jésus soit monté au ciel, ses disciples n’ont pas amassé des armes, ni créé une armée, ni attaqué personne.

Jésus n’a jamais parlé de combattre au nom de Dieu et n’a jamais promis une quelconque récompense pour ceux qui le feraient. Par contre, il a promis des récompenses à ceux qui refuseraient de se battre : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! » Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu ! Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toutes sorte de mal, à cause de moi. » (Matthieu 5 :7,9-11).

Jésus dit également qu’il faut pratiquer une justice qui va au-delà de l’apparence extérieur, jusqu’au plus profond du cœur : « Vous avez appris qu’il a été dit: oeil pour oeil, et dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre. Si quelqu’un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Si quelqu’un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui. Donne à celui qui te demande, et ne te  étourne pas de celui qui veut emprunter de toi. Vous avez appris qu’il a été dit: Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous? Les publicains aussi n’agissent-ils pas de même? Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire? Les païens aussi n’agissent-ils pas de même? Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait» (Matthieu 5 :38-48).

Il dit encore « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c’est la loi et les prophètes » (Matthieu 7 :12).

Le christianisme peut être totalement pacifique même dans une société sécularisée ou laïque, car il est apolitique (n’a pas de revendications politiques). En effet, Jésus n’a pas essayé d’instaurer un régime politique « chrétien ». Il a déclaré devant Pilate lors de son jugement : « Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré aux Juifs; mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas » (Jean 18 :36). Jésus l’a démontré car il n’a pas cherché à renverser les autorités politiques de l’époque (les romains), comme l’aurait voulu les juifs (pour le considérer comme le Messie). Au contraire, Jésus à dit qu’il fallait respecter les autorités locales et il a lancé les bases de la séparation entre l’autorité de Etat et de l’Eglise en disant « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Luc 20 :25). C’est une différence fondamentale avec l’islam, qui a des revendications politiques, et cela explique également pourquoi les chrétiens ne cherchent pas à créer un « était chrétien » comme certains musulmans souhaitent créer un « état islamique ».

Aujourd’hui, un chrétien réfléchi et honnête ne peut pas justifier l’assassinat et la maltraitance de ses voisins incroyants en utilisant les textes de l’Ancien Testament (et encore moins ceux du Nouveau Testament). Un chrétien ne doit pas attaquer ni causer du tort aux musulmans et aux mosquées. Les chrétiens devraient chercher à développer des relations de qualité avec les musulmans et prier pour eux. Il est injuste que des musulmans soient harcelés en occident, tout comme il est injuste que des chrétiens soient harcelés dans les pays musulmans.

A lire aussi : L’islam, une religion de paix?

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